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Agir


Publié dans notre magazine n°138 - mars & avril 2020

L’atelier

Les bienfaiteurs
de La Chartreuse

Depuis 2012, un réseau de citoyens bénévoles gère et accompagne, en toute indépendance, un campement pour des personnes sans-abri au coeur de l’ancien Fort de La Chartreuse, sur les hauteurs de Liège. Reportage dans cet îlot verdoyant, précaire et temporaire, mais placé sous le signe de l’humanisme et de l’autogestion.

Kana aboie, Hadès enchaîne, puis c’est au tour de Luna. « Ils veillent sur nous », sourit Geoffrey, avant de nous tendre une main généreuse et nous accueillir « sur le camp ».

Pour y parvenir, il a fallu contourner le monument du Premier Régiment de Ligne, croiser des promeneurs, des amoureux et des chiens, contempler les murs couverts de graffitis, fouler le terrain de jeu préféré des explorateurs urbains (urbex) et autres vidéastes amateurs, et se faufiler entre les arbres nus et les talus remplis de mousse d’hiver.

« Bienvenue ! », sourit Karin Legrand, l’une des cofondatrices de ce projet citoyen un peu fou lancé en 2012. Une brume épaisse plane sur La Chartreuse, cet ancien Fort érigé entre 1817 et 1823 sur les hauteurs de Liège par l’occupant hollandais qui fut ensuite déclassé, reconverti en prison pendant la Grande Guerre, transformé en hôpital militaire, avant d’être démilitarisé en 1981 et laissé à l’abandon au fil d’une interminable saga immobilière. Un lieu incroyable, où le temps semble soudain suspendu : « Ce n’est pas le grand luxe, mais ici, au moins, on est au calme », se réjouit Geoffrey, qui vit dans le camp depuis trois ans.

Derrière la cour centrale et ses annexes, la nature a tout colonisé. Au pied des frênes, des érables et des charmes, on découvre une dizaine de tentes igloo dispersées, des palettes empilées, une toilette sèche, un bric-à-brac de bâches, chaises, vélos, armoires, bois de récup’… et un feu vif qui crache sa fumée noire vers le ciel menaçant. « Ce sont les restes du cabanon incendié », raconte Roger, l’une des autres chevilles ouvrières de ce refuge en plein air.

Le 10 décembre dernier, vers 21h30, un incendie fort probablement d’origine criminelle a détruit la petite construction qui servait de lieu communautaire pour cuisiner, manger, se réchauffer, se laver et stocker les vivres et le matériel. Une enquête est en cours. Mais dans le camp, de forts soupçons se portent sur un ancien résident : « J’avais reçu des menaces téléphoniques et les pompiers ne croient pas à la piste accidentelle, explique Karin. Il fallait être bien déterminé car ce cabanon avait été construit dans les formes avec un plancher coupe-feu, une double buse pour le poêle, de bons isolants… Après l’incendie, tout le monde était sous le choc. Même les chiens étaient tout tristes. Chaque matin, ils se postaient devant la porte. Et là, plus rien… »

Il en fallait davantage pour saper l’énergie de ce groupe informel « Repas SDF Liège Herstal », une association de fait née dans la rue et qui compte aujourd’hui plus de 4 200 amis sur Facebook. En quelques heures à peine, les dons ont afflué de partout. Une entreprise a offert du matériel. Et l’équipe s’est remise au travail pour évacuer les décombres et reconstruire un cabanon flambant neuf. Moins d’un mois après les faits, les sans-logis de La Chartreuse ont retrouvé un espace de vie. Un drapeau belge a été accroché au bardage. On évacue et brûle les derniers débris. Un barbecue s’organise sur le pouce. Et, malgré une météo maussade, les visages rayonnent : « On va bientôt pouvoir en profiter », se réjouit David.

En ce début janvier, ils sont une petite dizaine à vivre sur la friche. Tous des hommes. Ils se sont retrouvés ici après une séparation, une expulsion, une faillite… Ils ont connu la rue, les abris de jour et de nuit, les squats de fortune. A la Chartreuse, c’est spartiate, « mais on ne manque de rien », se félicitent les occupants. Chacun a (...)

=> Lire l’intégralité de ce reportage dans notre magazine.

Photos : Jean-Louis Wertz

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