Publié dans notre magazine n°138 - mars & avril 2020
Sciences
par Pablo Servigne et Raphaël Stevens
La proposition est ambitieuse, et très sérieuse : pour éviter une extinction de masse, le célèbre biologiste Edward O. Wilson propose de consacrer la moitié de la Terre au monde sauvage. La moitié ? Explications.
Andreas Gucklhorn
L’info est de notoriété publique : le monde vivant est très mal en point. On parle souvent de chute de la « biodiversité », mais ce mot abstrait signifie simplement que des êtres vivants meurent massivement, emportant avec eux les liens qu’ils entretiennent avec les autres espèces, ainsi que leurs « fonctionnalités », rendant les écosystèmes bien plus pauvres et vulnérables [1]. L’effondrement du vivant est vertigineux, tant au niveau du nombre d’espèces que de la taille des populations. Entre l’an 1500 et 2000, les scientifiques ont recensé 731 espèces animales et végétales définitivement éteintes tandis qu’un million d’entre elles seraient menacées d’extinction [2]. Concernant le nombre d’individus, la situation est encore plus préoccupante : 60 % des populations de vertébrés ont disparu depuis cinquante ans, 80 % des insectes dans des aires protégées en Allemagne, la moitié des oiseaux dans les campagnes françaises, sans parler des espèces qui ne font pas l’objet de suivis, ou que l’on ne connaît tout simplement pas !
Alors que faire ?
Pour éviter que les historiens du futur ne désignent notre période
comme celle correspondant à la sixième extinction de
masse des espèces, il faut sérieusement se bouger. Bien sûr, les
écologues, les activistes et les organisations de protection de la nature
sont déjà à pied d’œuvre depuis des décennies. En 2015, les
aires protégées occupaient un peu moins de 15 % de la surface terrestre
et 2,8 % de la surface océanique de la planète. Mais ce n’est
pas assez. Grappiller des petites surfaces ne suffit plus, l’hémorragie
continue, les extinctions et les effondrements s’accélèrent !
Plutôt que de se décourager, le célèbre biologiste Edward O.
Wilson [3] propose de (...)
=> Lire l’intégralité de cet article dans notre magazine.
[1] T. Säterberg et al., « High frequency of functional extinctions in ecological networks », Nature, vol. 499, n°7459, 2013, pp. 468470.
[2] S. Díaz et al., « Summary for policymakers of the global assessment report on biodiversity and ecosystem services », IPBES, 2019.
[3] Né aux Etats-Unis il y a 85 ans, Edward O. Wilson est l’un des plus grands biologistes de l’histoire. Spécialiste des fourmis, père de la biogéographie et de la notion de biodiversité, son travail lui a valu plus de cent récompenses honorifiques, dont deux prix Pulitzer.
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